BIOGRAPHIE
Arthur Astier est un artiste méditerranéen né en 1996, il réside à Montpellier en Occitanie.
Après un parcours scolaire littéraire, passionné d’art, de cinéma, de littérature et de musique, il étudie à Paris dans l’école audiovisuelle l’ESEC (Ecole Supérieure d’Etudes Cinématographiques). Il en sort diplômé en spécialisation documentaire en 2017. Il a réalisé plusieurs courts-métrages de fictions et un documentaire sur le peintre "anbart".
Il commence la photographie par une série en noir et blanc sur la tauromachie intitulée « Danse avec la Mort ». Le travail du mouvement est transversal. Le torero est stable, ancré dans la terre pendant que la charge du toro de combat est en mouvement, laissant une empreinte immortelle.
Pendant le début de la pandémie de Covid-19, deux nouvelles séries sont créées. L’une en noir et blanc dans des cimetières nommée « Murmures entre les Tombes ». L’autre colorée, composée de portraits abstraits saisis dans l’eau qui s’appelle « Les Âmes Vagues Abondent ». Les deux séries aux esthétiques très différentes sont traversées d’une même énergie, d’un même cri d’amour.
Le but étant toujours de retranscrire l’aura du sujet ou du lieu photographié.
Le mouvement physique de la lumière est l'argile lui permettant de montrer la fragilité invisible du monde qui nous entoure.
Chaque photo est une voix d’un même message emplit de douceur, d’amour et d’attention au présent.

"Danse avec la Mort"
"J'ai grandi entouré d'aficionados et, avec les années, j'ai pu développer mes connaissances philosophiques et artistiques en matière de tauromachie.
Pendant mes études de cinéma, j'ai commencé à écrire un projet de film documentaire sur la corrida. J'avais intitulé ce film "Danse avec la Mort", c'est également, le titre de cette série photographique.
J'ai débuté cette série lors de la feria de Béziers 2018. J'ai construit mon projet autour du toreo de Sébastien Castella. Il émane de cet homme une aura rare nous permettant de l'éviter au-dessus de l'arène. La charge brutale du taureau est transformée en poésie abstraite et élégante. L'animal devient alors une tache noire en mouvement, l'humain, malgré le danger et la puissance, reste immobile.
La photographie est, à mon sens, l'art des spectres. Un instant du vivant, rendu mort par l'appareil. Un de mes premiers buts est d'éloigner cette mort de l'image en prolongeant les mouvements, en dessinant l'instant qui suit celui que l'on regarde. Mais, vouloir triompher de la mort est vain. Une photo, comme une séquence cinématographique ne peut donner vie à des corps déjà absents, incarner ceux qui ne sont plus.
La tauromachie est également l'art d'une incarnation déjà passée, où les taureaux illustrés sur mes photographies sont déjà morts mais inoubliables"
Arthur Astier - Mai 2019

"Murmures entre les Tombes"
"Une volonté sourde, vieille de plusieurs semaines, m’a guidé un dimanche matin vers le cimetière. Depuis très jeune j’aime ces maisons de repos des âmes.
Sur le chemin, un vide intérieur est entré en conflit avec quelques questions sur le but de cette démarche. Je n’ai pas réellement d’attente quant aux réponses que je vais obtenir, j’écoute juste un besoin inconnu.
Je suis rentré dans un rite évolutif au cours de ces quelques heures. A l’entrée, deux femmes m’ont parlé, tendres, bienveillantes. Le fond compte peu, je suis ému par la forme. Une discussion qui existe dans nos rêves indépendants, sans construction, sans banalités. Elles sortent du cimetière, j’y entre, elles sont des femmes âgés d'origine maghrébine, je suis un jeune homme caucasien et agnostique. Nous sommes ensemble, égaux face au deuil et à la mort. Nous sommes l’humanité dans son partage le plus simple.
Je pénètre dans ce lieu gigantesque. Je dis à ma voix intérieure : « tu veux nous faire venir ici, maintenant prends les rênes ! »
Je vis entièrement chaque émotion, en laissant mes mouvements être contrôlés par un ange. Je m’occupe de photographier, de ressentir chaque seconde, une voix s’exprime du plus profond de mon corps.
L’empathie est intense à l’approche de certains tombeaux. Les griffes du temps blessent mon sternum et font entrer des milliers de voix. Certaines souffrent, d’autres sont dans l’incompréhension, mais la plupart dégagent un amour rond, chaud, confortable. Il faut s’engouffrer dans leurs paroles, en évitant de se brûler. S’abreuver à la profonde source du passé, faire vibrer les messages de nos morts.
Capter les âmes qui tournoient autour des sculptures et qui n’arrivent pas à s’y accrocher. Ou alors pour quelques secondes. Et par chance les immortaliser. Ces figures de pierres, représentations tourmentées de l’ignorance des vivants face à la disparition.
Je pense aux gens proches qui sont partis. Le ventre et la poitrine engourdis. Une douleur qui remonte jusque dans les yeux. S’ensuit un soulagement, une joie et des remerciements à eux. Tant personnellement que dans la création de ces photographies, qui existent parce qu’ils ont été.
J’espère, dans la retranscription de ces protecteurs, que l’amour sera évident. Que dans ces clichés nos ancêtres, nos parents, nos enfants, nos amis disparus, entrent en communication avec nous qui vivons. Et que dans leurs murmures ils nous apportent la force, le courage et l’amour de pouvoir être qui nous sommes.
Eternelle Terre, apprenons à rencontrer tes échos, apprenons à t’aimer car tu es notre Mère.
Prenons le temps de cultiver le silence et la solitude afin de rencontrer tes messages les plus vibrants. Pour être unis à ton rythme comme l’enfant dans la mère.
Je conclus en citant avec admiration les sublimes vers d’un de tes enfants prodigues, Guillaume Apollinaire :
« Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure »."
Arthur Astier - Mars 2020

"Les Âmes Vagues Abondent"
"Un éclair dans le rêve vient contorsionner mon corps jusqu’à la joie. Le soleil transperce les larmes bruyantes du Midi.
Je vous aperçois, au fond des eaux, vous que j’ai toujours connus. Vous qui dansez au gré du courant dans mon œil humide.
L’eau est votre sang Ô fantômes aquatiques ! Vos formes jouent avec les plantes et les roches. Vous gambadez joyeusement sous mes yeux. Le poids du Temps ne peut vous atteindre.
Mes rêves sont nos souvenirs car je vous ai connu autrefois. Vous m’accompagniez lors de mes jeux d’enfant, c’est là que vous m’appreniez à dompter le Temps.
Je me rappelle ces journées lunaires, ces journées dont les couleurs et les goûts ne cessent de changer.
Vos yeux dansent dans mes nuits et des noms étranges résonnent dans mes songes.
Dans votre reflet je ne suis plus seul car l’écume de notre passé m’apparaît enfin.
Je m’abandonne à la chute sourde de l’eau. Les algues, les reflets, la lumière font partie de ce grand mystère qu’on ne peut rattraper. Ce mouvement perpétuel dans lequel nous n’avons de cesse de nous perdre et de nous retrouver.
Le Temps me blesse, j’aimerais me souvenir de vous lors de ma prochaine vie. Je vous cherche sous les vagues mais vous êtes déjà partis.
Je voudrais me dissoudre, voir avec votre Cœur et flotter dans le couloir éternel du Temps.
Dans mon monde d’enfant nous sommes ensemble, éternels, purs. J’espère un jour vous retrouver et aux fond des eaux avoir, moi aussi, mon âme qui vagabonde.
Que le poids du Temps soit liquide !"
Arthur Astier - Septembre 2020
